Peter Pan, alias Thibaut Boidin, envole les spectateurs de Bobino, à Paris, pour la quinzième année consécutive. Interview exclusive d’un personnage plus complexe qu’il n’y paraît.

Alors Peter Pan, qu’avez vous commandé au Père Noël ?
Je n’ai rien demandé car il ne sait pas que le Père Noël existe. L’homme à la barbe blanche n’est pas présent au pays imaginaire de Peter Pan. Pour le rencontrer, il faudrait que je le rencontre sur terre, à Londres, un soir de Noël.

Vous n’avez jamais reçu de cadeau ?
Si, de la part de Wendy. Elle m’a offert un baiser sous la forme d’un dé à coudre. C’est un cadeau très précieux. 

Pour vous les fêtes, c’est important ?
Chez moi, au Pays imaginaire, on fait souvent la fête avec les enfants perdus. C’est un monde de chant, de danse et d’histoires. Les enfants aiment écouter les récits imaginaires et s’échapper de leur réalité. Pour que la fête soit réussie, il faut beaucoup de rire, d’innocence, d’insouciance. Et il faut que je sois le maître du jeu.

Pourquoi ? 
Car j’aime être le chef.

[…]

Avez-vous beaucoup d’amis ?
Je ne suis pas sûr, les enfants perdus sont mes camarades de jeu. Je suis prêt à les faire disparaître s’ils ne me respectent pas. Je suis quelqu’un qui peut être très tyrannique. 

Pas toujours gentil Peter Pan ?
Je ne sais pas si je suis gentil ou méchant, je suis surtout seul et égoïste. James Matthew Barrie, le père de mes histoires, me décrit comme “innocent et sans coeur”.

Est-ce le propre de chaque enfant ?
Peut-être mais, sur Terre, dans le monde réel, les habitants apprennent à vivre ensemble, les uns envers les autres. Ils font preuve d’empathie, de fraternité entre eux. Cela n’existe pas vraiment au pays imaginaire, du moins pas pour moi.

Cher Peter Pan, êtes vous surpris de ces 15 ans de succès à Bobino dans votre comédie musicale éponyme ? 
Je suis vraiment toujours surpris de cet engouement. C’est incroyable de remplir encore et encore cette grande et belle salle de Bobino. C’est un énorme cadeau et une chance. Il n’y a pas de lassitude tant qu’on prend le plaisir de jouer ce rôle. C’est mon histoire et celle de toute la troupe autour de moi !

Vos aventures ne s’adressent pas qu’aux enfants ?
Après chaque représentation, les parents et grands parents tiennent à me dire qu’ils ont été embarqués dans l’histoire, comme les enfants. Car ce sont des thèmes universels et profonds. Cela touche des choses très intimes et fortes. Chacun y trouve sa lecture. 

Que souhaitez-vous pour 2020 ?
Une tournée tout autour du monde… et même jusqu’au pays imaginaire !

Olivier Bohin