1955. Nous sommes à la veille du Salon des Arts ménagers. Nous suivons les échanges de quatre jeunes femmes, employées à l’hôtel Moderne, à Paris. Demain, l’hôtel sera complet, demain, peut-être on aura une machine à laver ? En attendant, on travaille, on discute, on réfléchit et on s’amuse.
Les quatre jeunes femmes s’interrogent : qu’attendent-elles de la vie ? L’amour, la sécurité ? L’émancipation ? Mais en s’émancipant, ne doit-on pas renoncer aux hommes ? À l’amour ? Que sont les lendemains heureux dans une France d’après-guerre où les femmes peuvent travailler, mais n’ont pas droit à un compte en banque personnel ? Elles s’interrogent, mais elles vivent, elles dansent, elles chantent et s’amusent tant que le patron n’est pas là !

En empruntant au répertoire de l’opérette au féminin, le quatuor Ariane propose un spectacle plein d’entrain, de légèreté et de virtuosité. Morgane Billet campe une jeune féministe, qui lit Simone de Beauvoir et rêve d’un monde où elle pourrait être indépendante. Agathe Trébucq joue la ravissante idiote, qui sait jouer de ses charmes pour survivre dans une société qui ne fait guère de cadeau aux femmes, tandis que Flore Fruchart est une jeune provinciale élevée chez les sœurs, pas si naïve qu’on pourrait le croire. Leur talent vocal est remarquable, soutenu et accompagné par Éléonore Sandron au piano.

Chanteuses talentueuses, ce sont aussi de formidables actrices, très expressives, qui occupent l’espace et captent le spectateur, dans une mise en scène inventive et intelligente.

Eau chaude à tous les étages est une comédie, où l’on s’amuse franchement, qui revisite un répertoire parfois méconnu, et embarque le spectateur dans un voyage drôle, dont les interrogations résonnent de façon très actuelle, un spectacle musical engagé et joyeux !

Sylvie Gagnère, Lagrandeparade.com – 23 avril 2019