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“Le spectateur est comme un invité” : à Aix-en-Provence, une comédie inclassable avec “Denise Jardinière”

C’est une comédie atypique, tendre et clownesque, écrite et jouée par Thibaut Boidin et devenue en 12 ans un petit phénomène par le bouche-à-oreille. À voir de mercredi à samedi.

De l’aveu des programmateurs du café-théâtre, c’est l’une des dates phares de la saison à La Fontaine d’Argent. Largement salué par la critique, prix du meilleur spectacle du Off d’Avignon en 2019, ce seul-en-scène né en 2012 dans un petit appartement parisien s’est petit à petit propagé par le bouche-à-oreille. Entretien avec l’auteur de la pièce Denise Jardinière vous invite chez elle et son seul comédien, Thibaut Boidin.

Dans quel état d’esprit étiez-vous quand vous avez écrit cette pièce ?

C’est vraiment parti d’un désir de faire quelque chose d’intime pour quelques personnes et d’avoir un décor où je me sente libre. Évidemment, comme je la jouais d’abord chez moi, je pouvais faire tout ce que je voulais (rires). À l’époque, je jouais dans Peter Pan, on était quinze sur scène, à Bobino, une grande salle parisienne. Un soir de décembre 2011, je rentre chez moi, il faisait froid, il pleuvait, et j’ai ressenti une solitude folle en moi, quelque chose de très puissant. C’est de ce sentiment de solitude que l’histoire a germé. Je l’ai écrite très vite, en deux semaines, je devais couver depuis très longtemps cette histoire. Il y avait quelque chose d’inconscient. C’était une nécessité.

Comment résumer l’histoire sans trop en dire ?

Personne ne sait qui est Denise Jardinière, mais tout le monde est invité chez elle. Le spectateur est comme un invité et dès qu’il pousse la porte du théâtre, avant le lever du rideau, le spectacle commence… Denise n’est pas là mais il y a cette gouvernante étrange que je joue qui les accueille dans une ambiance morbide, lugubre… Il y a des bougies, une odeur d’encens, des voix d’outre-tombe qui résonnent en musique… Et une table qui a l’air d’être dressée depuis des années, avec de la vaisselle cassée. Il s’est passé quelque chose mais on ignore quoi, c’est une énigme.

Mais le ton reste très léger ?

Oui, c’est ça qui est dingue : c’est une comédie (rires). Avant de la jouer, je me disais que le rire était une possibilité, en réalité ça représente 95 % du temps du spectacle. Mais c’est un rire clownesque, j’ai fait l’école Marceau et j’en ai gardé des séquelles (rires). Les 20 premières minutes sont muettes, ce n’est que du mime. Donc c’est un rire de la situation, qui vient de la rencontre entre le public et ce personnage. On joue tous ensemble. Cette gouvernante, c’est mon clown, je rentre vraiment dans un autre corps. C’est un voyage dans les belles choses de l’enfance, dans la spontanéité. Avec ce masque là, je peux être complétement libre, complétement moi. C’est paradoxal mais ce masque m’enlève tous les masques sociaux.

Vous approchez de la 500e représentation. Comment la pièce a été reçue au départ et comment a-t-elle évolué ?

Oui, ce sera exactement la 494e, la 495e, la 496e et la 497e… alors que je pensais au départ la jouer pendant quelques mois ! La première, c’était en janvier 2012 devant 13 personnes. Je les avais invités chez moi sans rien dire, et ce n’était pas moi qui ouvrais la porte, c’était cette gouvernante. J’étais dans le personnage. Les gens étaient estomaqués, la plupart se sont dit que j’étais devenu définitivement fou. Mais des amis m’ont dit : ‘Thibaut, tu vas jouer cette pièce partout et très longtemps’. Ils avaient vu juste. Au bout de deux mois, il y avait des inconnus dans mon salon (rires), puis une directrice de théâtre, et je me suis mis à tourner un peu partout, des salles intimistes jusqu’à des jauges de 750 personnes. L’histoire n’a jamais bougé, mais j’ai retravaillé le rythme.

Propos recueillis par Malik Teffahi-Richard

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